Le "Da Vinci Code"de Dan Brown


Le Meurtre des symboles


Sans la folie, l’homme, qu’est-il

De plus que la robuste bête,
Cadavre ajourné qui procrée ?
Fernando Pessoa


« C’était vrai, il n’y avait plus rien debout dans les lettres en désarroi : rien, sinon un besoin surnaturel qui, à défaut d’idées plus élevées, trébuchait de toutes parts, comme il pouvait, dans le spiritisme et dans l’occulte » J.k Huysmans, Là-Bas

« It is this unenviable position, then that we find the modern temper: anguished by the imminence of death, yet trapped in profane, historical time and thus able to regard death only as nothingness; the saving presence of the sacred, transcendent mode of being is absent from the contemporary worldview. Thus, modern humans stand today as the very edge of the abyss of death and nothingness, and it is precisely there that one can perceive a useful role for a modern shamanism. Again, there is a need for a doctor of the soul, a figure who can bring humankind into close and fruitful confrontation with the collective unconscious, the creative matrix of all that we are and have ever been." The Invisible Landscape, Terence and Dennis McKenna, 1975.

           
« C’est grâce à la position verticale que l’espace est organisé en une structure () : en quatre directions horizontales projetées à partir d’un axe central « haut » « bas ».. L’espace se laisse organiser autour du corps humain, comme s’étendant devant, derrière, à droite, à gauche, en haut et en bas. C’est à partir de cette expérience originaire – se sentir « jeté » au milieu d’une étendue, apparemment illimitée, inconnue menaçante – que s’élaborent les différents moyens d’orientations : car on ne peut pas vivre longtemps dans le vertige provoqué par la dés-orientation. Cette expérience de l’espace orienté autour d’un « centre » explique l’importance des divisions et répartitions exemplaires des territoires, des agglomérations et des habitations, et leur symbolismes cosmologiques ». Mircea Eliade, Histoire des croyances et des idées religieuses / 1

Liberté pour tous les esprits, dépositaires du monde intellectuel, qui ne doivent pas chercher Dieu, ni l’immortalité ailleurs qu’en eux-mêmes.

(…)

Dieu est un immense Intervalle,
Mais entre quoi et quoi ?
Entre ce que je dis et tout ce que je tais
Ai-je quelque existence ? qui donc me voit ?
Je suis ma propre erreur… Et le colombier élevé
Se trouve-t-il autour dans la colombe, ou à côté ?
Fernando Pessoa
                                               

La poésie acquiert ainsi une dignité plus grande, elle reprend à la fin sa fonction première – celle d’instruire l’humanité ; car la philosophie, la science de l’histoire disparaîtront, seule la poésie survivra à toutes les autres sciences et à tous les arts. Le plus ancien programme systématique de l’idéalisme allemand, 1795 (Hölderlin, Schelling, Hegel)

 


Tout ce qui passe
N’est que symbole ;
L’Imparfait
Ici trouve l’achèvement :
L’Ineffable
Ici devient acte
L’Éternel Féminin
Nous entraîne en haut

Goethe, Deuxième Faust       

Indéracinablement
Soyons d’ici-bas !
L’Éternel Masculin
Nous entraîne en bas.
Nietzsche
      

Ah, tout est symbole et analogie !
Le vent qui passe, la nuit qui fraîchit
Sont autre chose que le vent et la nuit -
seulement des ombres de pensée et de vie ( )

Tout ce que nous possédons est oubli
La nuit froide, le passage du vent
Sont des mains d’ombre dont les gestes
Sont la réalité-mère de cette illusion.
Pessoa, Faust, Premier Acte.

 

 Le problème avec le « Da Vinci code » (DVC) n’est pas tant le livre en lui-même, qui n’est qu’une livraison parmi tant d’autres, un best-seller parmi des milliers d’autres mais qu’il se soit mis à servir certaines critiques « religieuses ». Les guillemets sont plus importants que le mot frelaté, usé jusqu’au trognon : dans une société de crise (permanente), il ne relie plus rien que la terreur à la sécurité en passant par le rejet de toute émergence du numineux.

Quant au style pas de problème, Dan Brown n’étant pas poète, il n’y en a pas.
L’absence de style, la même que nous trouvons malgré tout chez Yourcenar mais en plus dramatique parce que ça tombe dans le polard (catégorie qui avant qu’une intelligentsia fatiguée n’en fasse une institution se rangeait tranquillement dans le second rayon, les romans de gare). On peut s’y laisser prendre alors qu’on laisse les livres de Yourcenar nous tomber des mains. Revanche, par ma bouche, de François Augiéras contre cette écrivaine qui considéra de ses hauteurs conventionnelles, la possibilité de son île, l’auteur de Domme ou l’essai d’occupation ? Je vous laisse y réfléchir. Absence de style donc comme chez Yourcenar avec un vocabulaire moins riche, moins ampoulé, plus direct, que chez elle, puisque Dan Brown écrit franchement un polard. Pas même un roman historique. Rien qu’un polard et continuera à écrire, à pondre des polards qui lui rapporteront beaucoup, beaucoup de sous. Plus que Houellebecq n’en peut rêver dans son enclos de dépressivité spectacle et pourtant il en gagne du fric l’ami Houellebecq ! d’autant plus qu’il écrit de plus en plus mal ; polardiserait - il désormais ?

Da Vinci Code (DVC) un polard, rien qu’un polard. La structure ne peut être que simple, linéaire, déductive. Le contenu lui, provient de sources diverses (vraies ou fausses qu’importe ! tel de savoir si vraiment il y a 666 triangles de verre et inversion diabolique des pyramides mitterrandesques du Louvre, puisqu’elles introduisent, effectivement, archi-texturisent l’unimondisme). Sur ce point même technique que Yourcenar, il recopie des data bases (certainement réalisées par un pool de secrétaires et autres ghost-writers, la quasi-totalité de la littérature américaines est ainsi faites) à partir de manuscrits, livres microfilms etc. cite, récite et noie le tout dans une vague narrativité, la structure ! En gros une analyse du type Propp révisée par Greimas, une armature, un contenu inversé, puis posé, un « meurtre épicentre », des bons et des méchants, suffit. Rien de nouveau. Mais ce qui est le plus dangereux, car ce danger passe inaperçu, c’est que le plan du contenu, sa substance manie du symbole, que le héros et l’héroïne font dans le symbole.

L’une est cryptographe à la police, l’autre se dit « symbologiste ». L’une est française, l’autre américain. Il aurait pu se dire sémanticien généraliste, sémiologue (si la sémiologie se résume à l’étude des signaux ou des comportements dans la perspective du « j’appuie sur un bouton et toc j’ai un résultat », le monde pavlovien des chiens salivant ! il serait en effet sémiologue à la manière anglo-saxonne). Elle n’aurait pu être que flic. Mais, non, y a une cryptographe et un symbologiste et si la première est avant tout l’héroïne, princesse Sophie (sagesse) cette autre Marie Madeleine émancipée (mais prude, restons entre puritains, non ?) le second met à l’œuvre une vieille méthode de « lecture » des symboles ; l’évhémérisme !

Vas y donc que je te réduis toute la mythologie à une affaire de héros. Déjà - Évhémère ça date de l’antiquité ! - ça bande dessinées, péplums, donjons et dragons, héroïques fantaisies hollywoodiennes ! Méthode de paresseux ou d’athées hautement religieux (aujourd’hui re-lieurs par coupons et actions opérations bancaires) farouches défenseurs de la production de masse, de capital (confondu avec le « pouvoir » celui-ci vu sous l’angle de la « conspiration » des vilains). Le jour même où le film du Da Vinci code sort dans notre bon petit pays un journal d’économie affiche, pas de hasard, un gros titre « Savoir se vendre c’est un art ! » tiens, l’art est donc bien moins que du cochon puisque tout le monde en mange, qu’il n’y a pas d’interdit cul linéaire. Mais, oubliai-je donc que nous sommes dans une société sans castes, que donc il n’y en a plus qu’une seule, celle des marchands !

L’évhémérisme, pour revenir aux questions de méthode de notre symbologiste, est toujours très utile dans les campagnes d’avilissement du sens (de l’être) qui accompagne son oubli. Rien de plus férocement efficace que ces fausses mythologies que sont les « légendes », les histoires de héros. Les Hercule et autres machines macho réductrices de tout à « rien que ça » le triomphe de la volonté (« solaire) contre l’intuition (« lunaire ») bref comme je le disais ailleurs la position du « leader » - führer en camouflage - pour désigner ce que réclame en tout temps en tout lieu, les foules (on dit « masse » aujourd’hui - coup de massue !). Elles ne réclament rien d’autre que la tyrannie (la démocratie est une position élitaire, on l’oublie trop).

Que notre symbologiste se situe dans la ligne continue de l’évhémérisme est donc loin d’être neutre, il fait ainsi campagne (électorale) en se situant en pleine actualité ; le détournement des symboles en signes, pas même en signes, en signaux (ouvert/fermé, 0-1 etc. et avec ça on fait sauter des Twin Towers) Il en assure la circulation. Ce que font aussi, rarement innocemment, tous ces livres qui se sont attelés à décrypter ce bouquin :

1) ils ont empêché qu’il soit que ce qu’il est, un polard (Bon ? Mauvais ? je ne m’y connais pas trop dans ce rayon, je suis plutôt, question de cynisme, pour le bizarroïde, des histoires à la Blade Runner, de l’Enki Bilal… il me faut des punks clonés dans une galaxie délirante calculant des mutations cabalistiques : de l’Antéforme à la Villa Vortex inspiré par mon Génie Divin) et surtout

2) ils se sont arrangés pour que les symboles ne soient bien rien qu’une affaire de symbologiste, qu’ils soient non point des signes vers un « autre plan », régit par une « autre logique », mais rien que des éléments d’un « cryptex » d’un cube magique, un jeu d’emboîtement / déboîtement.

Tout pour nous ramener (ou ramoner) là où le Prozac (pro Zone d’Aménagement Concertée) renvoie les citoyens dociles, le troupeau ; en deçà du là, dans l’ici des pipi caca pot-pot maman papa production de famille où un Freud (vous savez qu’avec moi, il y en a plusieurs) aidé de Darwin (il n’y en a qu’un, c’est la bible moderne) avait su ramener le malheureux homme dans le sein de la production – pour rien ! Ce dont il s’agit dans ce DVC ce n’est pas de religion (les religieux de tout bord se sont dans l’ensemble ridiculisés de sérieux dans cette affaire) pas de dogmatique, ni d’ésotérisme (surtout pas d’hermétisme) mais simplement de réduction, d’avilissement de l’homme pour qui le Dieu n’est qu’une politique.

S’il n’y avait cet avilissement concerté je ne me serais pas re-penché sur un livre que j’avais lu d’une traite en avion alors que je me rendais à New York en 2004. D’une traite mais sans le finir, je ne finis jamais les romans, bons ou mauvais. Ou plutôt, j’en pose le contenu inversé le renversant à sa fin. Les descriptions m’ennuient sauf lorsqu’elles deviennent folles, exacerbées comme chez le Flaubert des 3 contes, de la tentation de Saint Antoine nous ramenant vers Bosch. J’aime beaucoup plus Huysmans, Villiers de L’Isle Adam et pour me situer, dans la seule révolution qui n’en fut jamais une, le surréalisme jusqu’au Grand Jeu, une certaine frange de la « Beat Generation », filmique, expérimentale, hallucinée. Tout le reste m’ennuie à mourir. Dans le roman, on sait toujours ce qui va se passer, c’est aussi bête qu’une démonstration, qu’un syllogisme - scientifiques pompiers. Ce n’est jamais un conte. Avec le DVC on sait dès le début qu’il est mort pour un secret de polichinelle Saunière (qui n’est pas l’abbé de Rennes Le Château hanté de figures opératesques, mais qui en a le patronyme et trempe dans son aura etc.) une copulation au cœur du christianisme qui fait toute une lignée. On sait, dès le début, que la Sophie n’est pas sagesse mais « baisette » déduite en ligne droite de la Marie, qu’elle en est la madeleine recherchée par l’Opus Dei – car ô horreur pour le « berlingot » canonisé, elle est, en perspective évhémériste l’épouse parturiente du christ d’un héros ! Ça suit dès le début la trame donnée par une « étude » journalistique de la quête du graal, un mauvais bouquin, genre la collection noire (pas la série noire) et or de chez Laffont repris en rouge chez « J’ai lu ». Un truc dans la continuité des études fortéennes, du Matin des Magiciens (voilà un incontournable, la source de tous les délires « paranormaux » - déjà X files paru en 1960 en collection de poche en 1972, du moins chez Gallimard) sans le brios, sans la touche imaginative presque burlesque, non point ce truc sérieux : « The Holy Blood and the Holy Grail » ( paru en 1996) publié par un collectif composé de M Baigent, R. Leigh et H. Lincoln, un truc qui se vend toujours bien avec renouvellement du stock depuis la parution du DVC ! Du côté de la Lance (complément du graal comme la bite du con) The Spear of Destiny de Trevor Ravenscroft ! C’est vrai que ça se lit bien ces sottisiers surtout dans un contexte où tout est mis à plat, ça donne du relief au réalité chaud ! Surtout un relief freudien, des creux (cons) des bosses (bites) le christ baisait, était hétéro (un vrai héros !) ça nous rassure car dire que certains lui donnaient jusqu’à douze mecs, une partouze ; la cène. Enfin voyons, du respect pour ce jésus cri ! Pourtant Jésus n’était qu’un superman, un prophète, un héros pas le fils de dieu, allons, non ! Pas catho jésus, déjà réformé prêtre marié et interprète du « secret » du paganisme éternel ; la fécondité ! wahooo ! toute l’histoire de l’église une imposture, un power trip, une conspiration qui culmine avec l’opus dei (et preuves de cette manutention, les évangiles et autres apocryphes retrouvées sur le corps de la « mère » morte ? Risque alors d’être ophites, serviteurs d’Abraxas, avoir la « marque de Caïn » mais ça, ce n’est plus dans l’ordre du thriller).

Alors le polard de Dan vous évhémesmirisait tous, tripotant, pataugeant dans la fange des « symboles » oboles de vos religions mono-athéistes d’état. Lorsque cet enfant parait Madonna vend la Cabale aux porcs ! La grosse cochonne de Madonna. Pas de hasard. Société sans caste, une caste ; les marchands. Jésus les chassa-t-il jamais du temple lui qui reconstruisit son corps temple en 3 nuits avec la Madeleine ! (Mais j’y pense, le château de la Madeleine c’est tout près d’ici, dans perce le val de Chevreuse, chèvre, le bouc 666 le pentacle inversé – génial ! tout s’interpénètre, bien lubrifié) Pourquoi, ce ton vulgaire ? c’est vulgaire un polard ça parle flic, son argot n’est pas un art gothique (ha Fulcanelli te voilà détrompé ?). C’est violent de toute cette violence qui, défaillance de la parole juste, fait virer le symbole du côté du signal, du « cube magique », des « codes secrets ». Sectes, sociétés secrètes, espions byzantins, jeux de rôles qui s’en inspirent, tous encodent, décodent et déconnent sec ! et quand on se connecte on met son mot de passe et son identifiant et le « pare-feu » espionne aussitôt les fichiers cryptés etc. Le monde, un hardware store !

Cependant il y a un point où Dan Brown est irréprochable, peut-être deux, il ne tombe pas aussi bas que son prédécesseur (moins connu aujourd’hui, en France inconnu je crois) Anton Robert Wilson et son Cosmic Trigger (1977) qui après ses Illuminati en collaboration avec Robert Shea s’est pris au sérieux jusqu’à s’imposer comme maître à penser en E.prime (English prime, langage artificiel des optimum) et à lever des Prométhée ficelés à de la génétique holistique et de la physique quantique, pro super techno. Dan ne s’engage pas, non plus comme Frank Herbert avec la série des « Dune » dans la Jihad scientologue ! Le DVC n’est pas aussi sectaire. Dan n’est pas new âgeux comme la Celestine Prophecy (un best-seller de l’ésotérisme de pacotille, une marelle sur l’arbre des sephirotique ) et les commentaires infinis sur le masterpiece de Dan demeurent critiques jusqu’à dans l’apologie. On se promène sur les lieux pour vérifier ou dans les « sources » pour confirmer ou infirmer. On joue à « cazzo veni vinci et retro satanas » mais personne n’a encore tiré de ça des exercices d’un nouveau yoga pour occidentaux désorientés ! Et ça c’est vraiment très, très positif !!!

Ce qui l’est moins c’est que ces vérifications, confirmations, infirmations sont au détriment des symboles, réduisent une fois de trop, le plan où opère le « symbole », l’Imaginal à l’imaginaire – à un défaut de vérité, à du pseudo. Il est vrai que mis à part Corbin, ceux qui comme le très sérieux Gilbert Durand dans « Les structures anthropologiques de l’imaginaire » ont étudié ce plan « imaginal » ont beaucoup contribué à sa « réduction » en se donnant pour science. Catastrophe chez un Sollié et sa Femme Originelle (je ne suis pas sûr du titre) toute en ADN spirant entre hasard et nécessité. L’inquiétant dans tout ça, c’est que le mystère, ou le Secret soit ainsi réduit, qu’il y ait toujours seulement des « équations » à résoudre ; que tout est calculable. Souhait de Leibniz ; messieurs calculons ! mais Leibniz était aussi un fervent des ruelles (des Précieuses !) et ses considérations sur le calcul infinitésimal débordant le Yi King !

Ainsi le graal n’est plus ce réceptacle de la Parole de l’Être, l’Anthropos. Il n’est plus même ce vase, cette coupe qui institua l’eucharistie – le Bon Partage euthanasique consolation - ou cette émeraude proche orientale, le nord mystique, ou encore ce rougeoiement « gommant la gomme » le néant sublime, cathartique du cas Wagner ; non, rien qu’un vagin, à peine rapproché des vagins glapissant, splendeur lugubre des hiérogamies échouées dans les taudis sacrés de Sumer et d’Ur avant que l’histoire n’y commence : silence atroce des Elohims atrophiés en l’1 seul…

La pauvre Sophie tremble à la vue de ce qui serait une messe noire dans le « style » visqueux, vicelard, saint sulpicien de ce 19ième siècle qui se trimbale à travers les âges, les turlupine tout en socialismes illuminés (Philippes Muray est mort, le savez vous ? terrible perte pour continuer le démantèlement de cette histoire grandiose de la 3ième Raie Publique ; le graal pour tous !), qui serait ce qui terrorise toujours le « bon » peuple (je pense aux réactions idiotes des français à l’annonce, 30 ans après sa parution, de la traduction de « la bible satanique » d’Anton Szandor LaVey. Je pense aussi aux frissons qui parcourent les « ânes sensibles » face aux Pratiques de la Main Gauche. Le peuple, la pauvre Sophie tremble donc à la vue de ce qui serait une messe noire si son grand père (vous avez lu « Grand Père » de Jean Michel Coste ? moi, pas encorps ) entouré de figures encapuchonnées (les femmes de blanc vêtues, rédemptrices, matriarcantes, les hommes de noir vétustes, matri arqués) fourrageant nu comme une bête, une autre bête, une femme consacrée, n’avait travaillé ainsi que pour la bonne « Cause Christique » : perpétuer la lignée royale, le sang royal , le sang réal, le saint graal !

Dan Brown aurait pu sauvé, ce qui faute de mieux se dénomme Satanisme (shaitanisme est un néologisme possible de mon cru (1)999) des puériles accusations perpétrées depuis les procès faits à Aleister Crowley et les caricatures encouragées par de pompeux mages blancs (tel Eliphas Lévi, Papus, l’archi comique Sar Péladan, le styliste de Guaïta etc !)) qui sévirent des Lumières aux tables tournantes hugoliennes, en passant via l’Amérique, par les spirites (wine and spirit prohibited ! No smoking !) aurait pu mieux qu’il ne le fait, réinscrire le pentacle dans une autre logique en faire plus qu’un « scandale » relatif d’ailleurs car déjà consommé par « La dernière tentation du christ » (effacé par le film gore de l’australien catho – rappelez moi son « non » ) celui de l’utilisation de la femme dans la métaphysique christique du sexe – la paire avec celle du graal gibelin machiste guerrier d’Evola aussi ridicule que tous les trafics, mixtures de l’effet minet à l’androgyne en passant par le grotesque hermaphrodite aristophanesque (le défi de Jacqueline Kelen, » l’Eternel Masculin » eut été fort appréciable si la pauvre femme frustrée par de tels hommes qui s’éjouissaient entre eux, développait une peur panique de l’homoérotisme !) toute une mafia anti-symbolique !

Le pentacle dessine une logique opérationnelle, une logique acausale (ce que « monstre » tout symbole, entretien infini ou origami : on obtient en effet un pentagone en nouant une bande de papier…topologie symbolique, « tore » qui en dépasse la mathématique : le nombre d’or peut y conduire mieux qu’intrigues - n’en déplaise au « pragmatisme » du « Golden Ratio, the story of Phi. The World’s Most Astonishing Number » de Mario Livio sans nous empêcher de jouer avec lui à Fibonacci ), bref parlant du « mythe » de la Grande Déesse (haupthemus martelé du DVC) il aurait fallu reprendre, là où en était Julien (dit crapuleusement l’apostat) dans son traité « De la Mère des Dieux ». Puisque j’en suis à Julien permettez moi de rappeler que dans la même période, ce début du troisième millénaire « qui ne sera pas spirituel, quand la beauté même se voudra convulsive » (Malraux + Breton) est paru en Français, un livre passé presque inaperçu (d’autant plus inaperçu qu’il fut intercepté par une incertaine « extrême droite ») : Le songe d’Empédocle, de Christopher Gérard aux éditions l’Age d’Homme. Bon, ce n’est pas non plus du grand style mais les enseignements y sont bien plus prégnants, donnent véritablement à penser, introduit à la joie de penser et ce malgré la réduction opérant aussi à restreindre la « descente » du numineux dans la matière et donc son élévation lui aussi par une « métaphysique du sexe ». Le DVC, lui, pas de problème, n’invite pas à penser, il invite les critiques à se mettre à table, à déverser leurs informations contradictoires sans accepter les contradictions sans les faire danser la danse du Shaman (attention aux retombées cinématographiques, de fumées en fumettes, le Shaman est à la mode[1]) dans le pentacle (à 4 dimensions), la structure absolue ou comme je préfère la structure a priori du Dasein. Ce sont les mandalas (le mandala, non restreint à la production géographique et disséminée du Tibet des lamas cracheurs de feux), des cartes d’orientation qui relient l’homme au cosmos ; l’homme de Vitruve repris par Vinci est un mandala dans un moment donné de l’histoire de l’Être. Un rappel dans un temps où les Xtians (ou adorateurs, dans un placard SM de la croix comme « rature » sur l’être…) complotaient efficacement contre ce lien cosmique préparant le pet comique où s’effondre la cosmologie moderne, le big gang bang... L’astrologie de Ficin, que tente de sauver Thomas Moore (avec naturellement la « pudeur » scientifique qui brouille un peu l’accès à l’Imaginal comme dimension du « réel », « astrology within », renferme, psychologise, renvoie au « pseudo » etc.) serait un autre exemple, elle appartient d’ailleurs au Cercle de Vinci… suit la « lignée » des grands textes qui « soutiennent » la Présence, répondent à l’Appel de la Parole pour que l’Anthropos la garde (la protège et l’incarne) à travers temps et espace : son apocalypse !

 

Des Noms, des Œuvres dans le désordre de l’histoire 

Empédocle
Parménide
Héraclite
Platon (de la Caverne, de la Ligne, d’Er, d’Érôs)
Le Sat Cakra Nirupana
La Divine Comédie du Dante
La philosophie de la Magie d’Agrippa (entièrement repris par Enel dans sa Trilogie de la Rota de 1979)
Paracelse
La Melencolia de Dürer
Les Noces Chymique de Christian Rose-Croix (1489, consigné par J. Vandreae)
Les Renaissants ; Ficin , Pic de la Mirandole, Laurent de Medici, Michel-ange, Vinci, Bruno.
Le songe de Poliphile
Pélerins Chérubiniques d’Angelus Silesius
Jacob Böhme
Hymne à la Nuit / Heinrich d’Ofterdingen de Novalis
Hyperion de Hölderlin
Nietzsche, le Zarathushtra
….
Sein und Zeit de Martin Heidegger…
L’Orphée (l’or fée) de Jean Cocteau

Laissant W.D (Disney), hors champ, avec la bande des Merry Pranksters. Le Jongleur est un Atout, le Mat ne fait Échec qu’à introduire la faille …


- Mais, monsieur, vous êtes aussi peu crédible que Dan Brown, vous nous refaites la liste des grand maître de l’improbable Prieuré de Sion à votre manière, j’ai déjà vu cette liste dans vos écrits…
- Si vous me lisez, très cher, critique, vous devez savoir qu’il y a nombres de points d’ironie. Chez moi, même dans mes « Astrologiques », il y a aucune société secrète, donc aucune conspiration de pouvoir, aucun texte sacré, mais seulement une certaine définition de la tradition (inspirée)[2] en jeu, qui n’est même pas celle de Guenon, une certaine définition de l’hermétisme aussi, plutôt une herméneutique et de l’ésotérisme (réduit à une « formule », je me plais parfois à relire Abellio).
Je reconnais, dirai-je par les « faits divers » qui y sont relatés (irreliés) :
L’approche d’Antoine Faivre : « Accès de l’ésotérisme occidentale » (éditions Gallimard, Bibliothèque des Sciences Humaines, 1986) surtout pour son choix de textes maîtres ceux de Böhme, et de Franz von Baader en particulier.
Les travaux de I.P Couliano « Eros et Magie à la renaissance, 1484 », éditions Flammarion, 1984.
Ceux de Lima de Freitas : « 515 Le lieu du miroir, Art et numérologie », Bibliothèque de l’Hermétisme, Albin Michel, 1993. Et tout d’abord « L’homme et l’invisible », de Jean Servier (PBP, Payot, collection Imago, 1980) pour sa perspective ethnologique refusant le pragmatisme ethnocide de ces collègues.

Cependant j’accuse en chacun d’eux ou l’aspect trop « documentaire » ou l’incapacité devant les discours scientifique à chercher la « vérité » ailleurs que dans cette science qui est La science, j’accuse dans ces travaux le manque effroyable de « centre » ; ce centre étant la constitution existentiale ontologique du Dasein !

- « Voilà bien qui ne simplifie pas les choses, mon cher Andrenio, car ne m’avez-vous pas appelez Critilo, et puis ce dangereux renvoi, ce rot, heideggérien…le Dasein… ».
- « Laissons Heidegger. Mais la référence à « El Criticon » de Baltasar Gracian me flatte, sans savoir qui de nous est l’un ou l’autre des protagonistes de ce merveilleux dialogue, en style comme en sens… les 5, bien entendu, emprise du pentacle. » (montrant le tatouage de son bras gauche).
- « Ciel ! à quel culte sauvage vous adonnez vous là ! Le Baphomet !  »
- « Oui, mais le Baphomet de Klossowski ! (rires). Voici donc, mon cher, que je vous surprend en plein littéralisme, l’autre face, plus dangereuse encore, de l’évhémérisme que je stigmatise, reconnu dans l’agitation autour de ce DVC.(qui aura le même effet que le 11 (septembre) et d’ailleurs numérologiquement DVC = = 443 =11 (Rires) ; mettre un interdit sur l’interprétation symbolique des textes ! »
- « Le comble ! »
- « Comblez ? Je continue de vous surprendre. Le danger, comme l’ennui qui s’ignore et s’insinue partout dans le travail comme dans les loisirs, le désoeuvrement par l’incapacitation de l’Otium, le désert croissant, s’exprime là, dans ce qui correspond au plan d’une supposée « nouvelle économie pulsionnelle », à la ratification du Phantasme dans le Réel. Je ne m’étendrais pas ici, je développe cela ailleurs. Je clôturerai ce dialogue et ce discours d’une comparaison entre le DVC et le film de Roman Polanski (plus intéressant que le roman sur lequel il se base, « Le Club Dumas »). The 9th Door (La neuvième porte) est très instructif car il réalise cette hiérogamie que le DVC noie dans les christiâneries, il pratique le shaitanisme en se moquant joyeusement du satanisme (si je peux m’exprimer ainsi) : 9 portes, 9 cakras ou 9 angles (5 triangles inversés + 4 la pointe en haut du sri yantra) représentés par 9 images tarotiques, parcours entre 3 exemplaires d’un même livre que recherche, pour un commanditaire (Alcan, passionné de diableries) dans une atmosphère de Thriller, le libraire antiquaire roublard, Corso. Cette recherche fait apparaître sur la scène des meurtres, cette Femme sans nom, alliée de Corso au prise avec Alcan qui se révèle le plus meurtrier des protagonistes. Cependant persuadé que les 3 exemplaires en sa possession par 9 images constituent le rituel qui le rendra invulnérable et prenant les symboles au pied de la lettre, il finira par se détruire lui-même. Le rite s’effectuera cependant à l’insu de tous (tour d’inconscient ? l’insu que s’ailes amour…fabuleuse traduction par Lacan de L’Umbewusst de Freud) dans un espace intérieur, celui du non rapport sexuel (la Femme sans nom, devenue « shakti » ou Succube pour un Corso roublard roublé) d’une pratique tantrique…
Je vous laisse voir le film, et notant combien je suis un fort mauvais narrateur, je m’esquive. ».

(L’auteur, en transition infime, chante-parle, quelques vers du Dante (Paradiso XXX, 124-126) sur une série redoublée de 5 sons césure au milieu, frappe d’un son étranger à cette série, extraite de la Lulu d’Alban Berg)

Nel giallo de la rosa sempiterna,
Che si digrada e delata e redole
Odor di lode al sol che sempre verna,
Qual è colui che tace et dicer vole,….
 


[1]
Définition de Mircea Eliade : "Le chaman est le grand spécialiste de l’âme humaine ; lui seul la « voit », car il connaît sa « forme » et sa destinée. Et là où le sort immédiat de l’âme n’intervient pas, là où il n’est pas question de maladie (=perte de l’âme), de mort, de malchance ou d’un grand sacrifice impliquant une expérience extatique quelconque (voyage mystique au ciel ou aux enfers), le chaman n’est pad indispensable. Une grande partie de la vie religieuse se déroule sans lui” Le chamanisme, p.25

[2]
A la formule (a)D Ω a’ correspond une définition précise de la Tradition et de l’Initiation Rien qui satisfasse à notre vue courante où se joue le dangereux amalgame du spirituel et du psychologique ou qui, profitant de l’Entgötterrung, propre à l’époque, de la domination par des religions non-initiatiques du F.C.M se propose comme initiation etc.

La Tradition n’est pas autre chose que ce qui soutient la reconnaissance de l’être là dans sa constitution par et pour l’Être selon ses Époques (fut-ce la prégnance de l’oubli)

L’Initiation n’est rien d’autre que ce qui en cet être peut l’introduire à reconnaître sa constitution dans l’Être ; il renaît à sa dimension proprement humaine, se libère du plan biologique etc.
D’après mes « Fragments de Parthénide » 

© Alain. R. GIRY 2003
 

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